Atiq Rahimi

Le premier livre, en 2000, c’était Terre et cendres. L’Afghanistan était alors pour moi une terre inconnue, une sorte de métaphore (l’invasion soviétique était injustifiable, et la résistance était légitime, de même que la résistance aux talibans, c’était avant l’assassinat de Massoud). Pendant la guerre contre les soviétiques, un grand-père et son petit-fils parcourent un long voyage à pied ou en camion pour annoncer au fils de l’un (et père de l’autre) que leur village a été détruit et tous ses habitants tués. Ce livre évoque, à travers les trois générations, l’histoire du pays. Tout se passe à l’extérieur. L’auteur en a fait un film.

Syngué Sabour, pierre de patience est paru en 2008. Une autre guerre, dont on ne sait pas bien qui est l’ennemi de qui. Mais surtout, il ne s’agit plus de générations, de filiations : le livre évoque les relations homme-femme. Une femme veille son mari, blessé mortellement. Elle se met à lui parler. Tout se passe à l’intérieur d’une maison dont nous ne sortirons pas.

Dans Terre et cendres, l’enfant est sourd à cause des bombardements qui ont dévasté son village. Dans Syngué Sabour, l’homme ne répond pas aux paroles de sa femme. Le peut-il ? L’auteur semble dire qu’il faudra bien finir par nous entendre.